« C’est quand on
est étudiant qu’on jouit le plus de liberté ». Didier Coek,
photographe, professeur.
Je n’adhérais pas vraiment à la pensée de mon professeur de photo quand j’étudiais encore à l’Institut saint Luc de Tournai, je pensais au contraire que mon statut d’étudiante ne crédibilisait pas assez mes actes, ou ne m’offrait pas la possibilité de traiter n’importe quel sujet, n’ayant pas les arguments nécessaires pour justifier par exemple un reportage à l’abattoir. Et pourtant, ce reportage, je l’ai réalisé, et je doute aujourd’hui avoir encore accès aux locaux. Mais je me sentais jeune, et je pensais qu’à 25, 30 ou 35 ans, j’aspirerai davantage confiance et que je pourrais, sous couverture journalistique ou en tant que photographe autonome, faire alors absolument tout ce qui me plairait.
Bien évidemment je me trompais, et cette liberté que j’ai bridée en me justifiant d’être trop jeune, ou de ne pas avoir assez d’argent, n’était peut-être en fait freinée que par un manque de confiance en moi (et une créativité parfois étouffée).
Car il est vrai que c’est pendant les études que la possibilité d’exposer et de se faire connaitre est évidente, les évènements organisés collectivement dans ce sens étant prolifères.
Je n’adhérais pas vraiment à la pensée de mon professeur de photo quand j’étudiais encore à l’Institut saint Luc de Tournai, je pensais au contraire que mon statut d’étudiante ne crédibilisait pas assez mes actes, ou ne m’offrait pas la possibilité de traiter n’importe quel sujet, n’ayant pas les arguments nécessaires pour justifier par exemple un reportage à l’abattoir. Et pourtant, ce reportage, je l’ai réalisé, et je doute aujourd’hui avoir encore accès aux locaux. Mais je me sentais jeune, et je pensais qu’à 25, 30 ou 35 ans, j’aspirerai davantage confiance et que je pourrais, sous couverture journalistique ou en tant que photographe autonome, faire alors absolument tout ce qui me plairait.
Bien évidemment je me trompais, et cette liberté que j’ai bridée en me justifiant d’être trop jeune, ou de ne pas avoir assez d’argent, n’était peut-être en fait freinée que par un manque de confiance en moi (et une créativité parfois étouffée).
Car il est vrai que c’est pendant les études que la possibilité d’exposer et de se faire connaitre est évidente, les évènements organisés collectivement dans ce sens étant prolifères.
Entretien avec Laura
Ma
J’ai donc fait la rencontre de Laura Ma, une jeune artiste
de 20 ans, étudiante en khâgne au lycée Gambetta d’Arras, dont le travail
expérimente les techniques et interprète de multiples références artistiques,
littéraires et photographiques.
Cette prépa littéraire option arts offre un bagage culturel assez conséquent à tout étudiant souhaitant poursuivre des études générales tout en s’orientant vers un apprentissage artistique. Et Laura Ma souhaite justement intégrer l’école d’Arles à la rentrée prochaine et m’explique que ce cursus l’a énormément aidé à préparer le concours d’entrée.
Cette prépa littéraire option arts offre un bagage culturel assez conséquent à tout étudiant souhaitant poursuivre des études générales tout en s’orientant vers un apprentissage artistique. Et Laura Ma souhaite justement intégrer l’école d’Arles à la rentrée prochaine et m’explique que ce cursus l’a énormément aidé à préparer le concours d’entrée.
C’est après l’obtention d’un Bac Es option Sciences Politiques
que Laura décide d’entrer en khâgne.
La peinture qu’elle pratique déjà la mène au fil du temps vers la photographie. Ses peintures, « très colorées et décalées » lui donnent envie de faire la même chose en photographie. Sa série « Jesuperstar », la plus aboutie me dit-elle, s’inspire de l’iconographie de l’art en transposant les codes symboliques et en les détournant, ce qui l’a amené à faire quelque chose de pop et de théâtral. Texte explicatif ici
« Je venais de lire « l’Iconographie de l’Art » et je me suis posée beaucoup de questions. Pourquoi l’image de Jésus est autant encrée dans nos esprits alors qu’on ne l’a jamais vu, c’est l’histoire de l’art qui nous l’a enseigné. Et en détournant la figure de Jésus, en le représentant obèse par exemple, je voulais soulever la question « pourquoi arrive-t-on encore à le reconnaître alors que sa représentation est détournée ? » J’ai voulu mettre en lumière cette ambiguïté du personnage. J’ai d’abord utilisé la sculpture. J’avais réalisé un visage en plâtre sur lequel je projetais l’image de Jésus. Finalement ça ne m’a pas trop plu et je me suis donc redirigée vers la photo. Je voulais mettre en avant le côté pop qui caractérise assez bien mon travail, aussi j’ai opté pour des fonds de couleurs et des sujets décalés ». Laura Ma aboutit ce travail en collaborant avec un magasin de vêtements qui transfère ses images sur des sweats, « des objets quelconques, et vendus », s’inscrivant totalement dans l’esprit pop. Pour commander, c'est ici
La peinture qu’elle pratique déjà la mène au fil du temps vers la photographie. Ses peintures, « très colorées et décalées » lui donnent envie de faire la même chose en photographie. Sa série « Jesuperstar », la plus aboutie me dit-elle, s’inspire de l’iconographie de l’art en transposant les codes symboliques et en les détournant, ce qui l’a amené à faire quelque chose de pop et de théâtral. Texte explicatif ici
« Je venais de lire « l’Iconographie de l’Art » et je me suis posée beaucoup de questions. Pourquoi l’image de Jésus est autant encrée dans nos esprits alors qu’on ne l’a jamais vu, c’est l’histoire de l’art qui nous l’a enseigné. Et en détournant la figure de Jésus, en le représentant obèse par exemple, je voulais soulever la question « pourquoi arrive-t-on encore à le reconnaître alors que sa représentation est détournée ? » J’ai voulu mettre en lumière cette ambiguïté du personnage. J’ai d’abord utilisé la sculpture. J’avais réalisé un visage en plâtre sur lequel je projetais l’image de Jésus. Finalement ça ne m’a pas trop plu et je me suis donc redirigée vers la photo. Je voulais mettre en avant le côté pop qui caractérise assez bien mon travail, aussi j’ai opté pour des fonds de couleurs et des sujets décalés ». Laura Ma aboutit ce travail en collaborant avec un magasin de vêtements qui transfère ses images sur des sweats, « des objets quelconques, et vendus », s’inscrivant totalement dans l’esprit pop. Pour commander, c'est ici
Ce qui motive également le travail de Laura, ce sont les
rencontres.
Modèle photo, cela lui permet de rencontrer des stylistes, des coiffeurs, des photographes qui l’inspirent et l’aident dans son parcours photographique. Elle m’avoue avoir les propos, mais manquer encore de technique photographique.
Mais la mode n’est pas spécialement l’univers dans lequel elle s’épanouit pleinement, ce qui la passionne, c’est l’art, et même lorsqu’elle touche à la mode, elle essaie toujours d’être créative et de proposer quelque chose d’artistique.
Modèle photo, cela lui permet de rencontrer des stylistes, des coiffeurs, des photographes qui l’inspirent et l’aident dans son parcours photographique. Elle m’avoue avoir les propos, mais manquer encore de technique photographique.
Mais la mode n’est pas spécialement l’univers dans lequel elle s’épanouit pleinement, ce qui la passionne, c’est l’art, et même lorsqu’elle touche à la mode, elle essaie toujours d’être créative et de proposer quelque chose d’artistique.
Social Distinction.
S’inspirant du travail de Larry Clark et Nan Goldin, Laura
Ma a parcouru les rues de Lille avec la volonté de rencontrer des inconnus et
de les photographier tels qu’ils étaient, dans leur environnement coutumier ou
non, en créant un lien avec leurs objets domestiques. En isolant de leur
contexte l’individu et l’objet à l’aide d’un fond blanc, Laura Ma voulait faire
une sorte de « ready made humain, en
prenant des gens du réel, en les transposant sur une toile et en leur donnant
une aura artistique ». L’objet domestique traduit une classe sociale
et même un contexte, il permet d’identifier un inconnu et de le rendre ainsi « connu »
par le biais de la photographie. Une photographie que Laura pratique, construit,
autour de la question « Quand y a-t-il Art ? ». Lire ici le
texte expliquant sa démarche.
Laura Ma a découvert en réalisant ce travail, un genre qui l’intéresse particulièrement : le reportage. Se concentrer sur les gens, leurs vies, est le futur moteur de sa création.
D’origine chinoise, elle se rend souvent en Chine avec sa famille. Elle me dit que « c’est un réel plaisir de faire des photos là-bas C’est complétement différent de l’Europe, et justement cet été j’y retourne et je vais continuer à faire des photos, mais plutôt sur le modèle du reportage que dans la réflexion artistique. Je souhaite traiter de l’ambivalence entre le développement des villes et les campagnes de Chine. J’adore voyager, je suis allée en Allemagne, à Londres, etc. J’aime vraiment découvrir des cadres extérieurs nouveaux ».
Laura Ma a découvert en réalisant ce travail, un genre qui l’intéresse particulièrement : le reportage. Se concentrer sur les gens, leurs vies, est le futur moteur de sa création.
D’origine chinoise, elle se rend souvent en Chine avec sa famille. Elle me dit que « c’est un réel plaisir de faire des photos là-bas C’est complétement différent de l’Europe, et justement cet été j’y retourne et je vais continuer à faire des photos, mais plutôt sur le modèle du reportage que dans la réflexion artistique. Je souhaite traiter de l’ambivalence entre le développement des villes et les campagnes de Chine. J’adore voyager, je suis allée en Allemagne, à Londres, etc. J’aime vraiment découvrir des cadres extérieurs nouveaux ».
Lille 3000.
Pour le concours organisé par SFR Jeunes Talents, Laura Ma
avait proposé une série mettant en valeur le corps féminin dans un cadrage très
serré. « Le cadrage interrompt
l’imagination du spectateur, il ne laisse voir que ce que j’ai voulu montrer. Pourtant
on imagine la suite du corps. C’est pourquoi la série était complétement appropriée
pour Lille 3000 et la thématique micro macro, car ce que j’ai fait c’est
vraiment une macro, avec un cadrage très serré, et en même tps, micro, macro,
c’est quelque chose de très petit et qui se détend. L’imagination du corps
s’étend alors que le cadrage reste très serré ». La série s’appelle d’ailleurs
« interruption et continuité ».
Pratiquant également la photographie argentique et plus
particulièrement le polaroid, Laura Ma est fascinée par les vieux procédés et
les possibilités artistiques qu’ils offrent. C’est avec un sentiment de
curiosité qu’elle a utilisé la technique du sténopé.
Après plusieurs expérimentations et observations, elle a créé ainsi une série d’images qui se jouent de l’abstraction et de la figuration : « Figurative Abstract »
Après plusieurs expérimentations et observations, elle a créé ainsi une série d’images qui se jouent de l’abstraction et de la figuration : « Figurative Abstract »
A première vue abstraites, ses images étaient pourtant celles
de la réalité, aussi on pouvait y voir, ou croire qu’on voyait, quelque chose
de figuratif, un peu comme les tâches de Rorschach utilisés dans la psychologie
que les gens interprètent. Les gens regardent
les images et se demandent ce qu’est, et cherchent de la figuration là où il
n’y en a pas.
Bien que la photographie soit celle de la réalité, le résultat s’en éloigne profondément. Pour aboutir à cette série, Laura Ma m’explique qu’« une fois le processus de révélation et de séchage de l’image, celle-ci est scannée et retouchée sur Photoshop. J’ai demandé à mes amis ce qu’ils voyaient dans ces images, et tous y percevaient des choses différentes. Quand je trouvais l’idée intéressante, je la dessinais sur photoshop ».
Bien que la photographie soit celle de la réalité, le résultat s’en éloigne profondément. Pour aboutir à cette série, Laura Ma m’explique qu’« une fois le processus de révélation et de séchage de l’image, celle-ci est scannée et retouchée sur Photoshop. J’ai demandé à mes amis ce qu’ils voyaient dans ces images, et tous y percevaient des choses différentes. Quand je trouvais l’idée intéressante, je la dessinais sur photoshop ».
L'univers de Laura est donc celui-ci, un mélange d'idées personnelles combinées à sa connaissance de l'art et des grands noms qui ont écrit l'histoire. Un univers pop c'est certain, cultivé d'apports artistiques et culturels de tous bords.
Les artistes qui
l’inspirent.
« David Lachapelle
pour son côté très théâtral, pop et coloré, ensuite Steven Klein pour son
macabre. Artistiquement, Nan Goldin, Sophie Calle, Larry Clark aussi pour
toutes ses rencontres, cette intrusion du spectateur dans un univers qu’il ne
connait pas, une sorte de voyeurisme que j’aime beaucoup. En art, la période de
la renaissance m’inspire, et pour Jesuperstar, Serrano et son travail autour du
christ qui a fait scandale ».
Laura souhaite se remettre à la peinture mais mêlée cette fois à la photo. Elle a déjà imprimé sur toile des photos et repeint dessus. Elle va bientôt refaire d’autres toiles dans le même style pour une exposition collective à Lille, au Free Stuff le 9 mai.
Une autre exposition de ce travail sera prochainement visible à l’Office culturel d’Arras. Vernissage le 3 mai à 18h30.
Merci à toi Laura
Liens.
Site perso : http://www.laurama.net/ et http://www.laurama.book.fr/
Espace perso SFR Jeunes Talents
Facebook : https://www.facebook.com/laura.ma0
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